L’Odyssée, c’est avant tout l’histoire d’un voyage à travers le monde ! Découvrez le huitième et dernier chapitre de cette édition 2018 !

Durant l’Odyssée, on voyage à travers le monde afin de visiter les différents panthéons. Ce voyage à travers le monde est guidé par une grande histoire (inventée par Hi-Rez) différente de la mythologie que l’on connait.

CHAPITRE 8

L’Olympe était prêt à affronter une tempête encore invisible, mais pressentie de tous.

Athéna parcourait les étroites ruelles de la cité tandis que ses soldats rejoignaient leur foyer. Tous avaient une mère, une épouse, un enfant à serrer dans leurs bras. La joie éclatait sur les visages. Mais si la journée était au soulagement, l’espoir, lui, manquait. Les citoyens de l’Olympe, le souffle court, fixaient Athéna de leurs yeux las. Usés, exténués, ils s’inclinaient avec respect, mais c’était tout ce que permettaient leurs nerfs à vif. Une jeune femme ouvrit la bouche pour demander conseil à la déesse de la sagesse, mais préféra s’abstenir et regagner son logis. Les enfants ne jouaient pas sur les pavés en riant. Ils restaient figés sur le seuil des maisons, en silence.

Raffermissant son emprise sur sa lance, Athéna se dirigea vers la salle du trône, où Hadès siégeait en l’absence de son père. D’immenses portes en condamnaient l’accès.

Des bottes d’acier retentirent contre la pierre. Arès la rejoignit, le regard aussi glacial qu’une nuit d’hiver. Dans une main, il tenait la hache de Chaac.

« J’ai vengé la mort de notre père », proclama-t-il le menton haut. « Anubis est mort. »

« Ce n’est pas le meurtrier. C’est Loki, d’Ásgard, de concert avec Hel. » Athéna regarda attentivement son frère. « Mais tu le savais déjà certainement. »

Il sembla contrarié par cette accusation. « Ce que je sais, ma sœur, c’est qu’aujourd’hui le soleil brille dans les cieux. Cela ne signifie qu’une seule chose : la vision de Râ est revenue. Son règne est restauré. »

« C’est exact », confirma Athéna. « La guerre que tu as livrée a détruit et humilié l’Égypte. Je lui ai redonné sa dignité. C’est ce que notre père aurait voulu. »

« Comment peux-tu en être certaine ? » grinça Arès.

« Je suis certaine qu’il n’aurait pas souhaité que notre peuple redoute son souverain », répondit-elle en désignant la cité à leurs pieds. « Hadès les terrorise, mon frère. On m’a prévenue que les ténèbres approchaient. »

« J’ai reçu le même avertissement », renchérit Arès alors que ses yeux s’emplissaient des flammes du temple de Ganesh.

« M’aideras-tu à l’arrêter ? » demanda-t-elle en lui tendant la main.

Pendant un moment, Arès fixa cette main tendue. Sans répondre, Arès poussa de toutes ses forces contre les portes de la salle du trône. Un couloir sombre s’ouvrit devant eux.

Les braseros qui jadis répandaient généreusement leur lumière chaleureuse étaient désormais remplis de flammes verdâtres et vacillantes. Les sceaux et les étendards ornés de l’éclair de Zeus avaient été remplacés par la main décharnée de Hadès. Quant au trône, il était entouré de piles d’ossements qui s’élevaient jusqu’au plafond. Des crânes au regard vide dont la mâchoire était figée en un éternel rictus, des fémurs immaculés, des phalanges… Le tout en quantité innombrable. Des esprits hurlants tourbillonnaient dans la pièce, telles des bannières en proie au vent. Face à la scène, enfin, se dressait Hadès, les bras levés en direction de cet amoncellement macabre à la manière d’un chef d’orchestre.

« Qu’est-ce que tout ceci ? » s’enquit Athéna, le souffle court, alors qu’elle avançait précautionneusement dans l’édifice.

Hadès se retourna avec lenteur. « Pour votre bien, j’espérais en avoir fini avant votre retour. »

Arès souleva la hache de Chaac. « J’exige des explications, mon oncle. »

Hadès, qui leur faisait face désormais, les dévisagea tour à tour tandis qu’ils s’approchaient. « Les Asgardiens ont déclenché le Ragnarök. C’est un chaos irrépressible ; il va se répandre sans distinction. Pour sauver l’Olympe, pour sauver notre peuple, je n’ai pas le choix. »

« C’est-à-dire ? » le pressa Athéna.

Les yeux jaunes de Hadès se rapprochèrent. « Je dois déclarer la guerre. »

« Ce n’est pas ce que notre père aurait voulu », riposta Athéna les dents serrées.

« En effet. Zeus ne comprenait pas. Il aspirait à la paix entre les panthéons, mais il est trop tard pour cela. Je n’ai pas pu le convaincre, aussi a-t-il fallu l’évincer. »

« C’est toi qui l’as tué ! », grogna Arès.

« Je l’ai mis à l’abri ! » riposta Hadès. « Que lui auraient donc fait les autres dieux si je ne l’avais pas invité dans mon royaume ? Que serait-il advenu de son âme ?”

« Je ne peux pas permettre ceci. » Athéna prit position sur ses appuis et pointa sa lance vers Hadès. « Je vais t’arrêter. »

« Ta pitié t’aveugle, Athéna », rétorqua Hadès. « Nous avons le même objectif. »

Athéna se moqua. « Déclarer la guerre quand la paix est encore possible ? Ce n’est pas le même objectif, il me semble. »

« Et toi, Arès, qu’en dis-tu ? » Le visage de Hadès avait pivoté. « Nous n’avons pas voulu cette guerre, mais elle est là. Je peux t’offrir une armée de mortels ne redoutant plus la mort. Ils seraient invincibles, à même d’affronter le fléau d’Ásgard, avec toi à leur tête. »

Arès était immobile, tel un serpent avant d’attaquer sa proie.

« Arès », lui intima Athéna. « Tu ne peux pas y songer ! »

Arès murmura : « Pourquoi pas ? »

« Il a assassiné notre père ! »

« Ce n’était pas mon père ! » rugit Arès. « La haine que me portait Zeus a toujours été manifeste. J’ai entrepris un périple pour le venger. Pour obtenir son assentiment. Mais désormais, je sais que ce n’est pas pour lui que je suis parti en guerre, que j’ai abattu des dieux. C’est pour moi-même. »

« Ils pourront choisir de me suivre et me vénérer ou bien d’être détruits. »

« Ce n’est pas de l’adoration. C’est de la terreur ! »

« C’EST LA MÊME CHOSE ! » Son rugissement secoua le plafond, et des postillons s’échappèrent de sa bouche.

Le regard déterminé, Athéna fit face à son frère qui prenait lui aussi position pour l’affronter.

“La guerre est là, ma chère sœur”, dit Arès en refermant ses poings sur la hache de Chaac. « Et je suis le dieu de la guerre. »

« Vos guerres vont mettre fin à ce monde », répliqua Athéna en levant son bouclier.

Hadès étendit ses bras vers les esprits en colère derrière lui. “C’est bien le but recherché.”

Et ce fut le commencement.