L’Odyssée, c’est avant tout l’histoire d’un voyage à travers le monde ! Découvrez le septième chapitre de cette édition 2018 !

Durant l’Odyssée, on voyage à travers le monde afin de visiter les différents panthéons. Ce voyage à travers le monde est guidé par une grande histoire (inventée par Hi-Rez) différente de la mythologie que l’on connait.

CHAPITRE 7

La campagne romaine était ensevelie sous une nuit silencieuse.

Des rangées de tentes formaient le campement de l’armée grecque qui marchait vers le Nord. Les feux de camp n’étaient plus que des cendres, les montures étaient nourries et attachées, et seuls les gardes restaient éveillés. Seule dans sa tente, Athéna ne trouvait pas le sommeil. Elle était hantée par la vision d’Ásgard qu’avait eue Râ.

« La fin est proche », avait-il déclaré. Arrivait-elle déjà trop tard ?

L’obscurité inerte ne la rassérénait en rien. Aucune brise ne faisait frémir la toile des tentes. Aucun criquet ne chantait pour les étoiles. La nuit semblait surnaturelle.

Soudain, un cri à glacer le sang brisa le silence. Athéna se rua hors de sa tente, lance en main. Des formes noires, des ombres à qui l’on avait insufflé la vie, s’en prenaient à ceux-là mêmes qui les projetaient. Elles étaient armées de lames ou de lances sombres. Ces monstres étaient ceux qu’Athéna avait vu sous les ordres de Hel à Ásgard.

En bordure du campement se dressait un unique géant de glace dont la barbe gelée reflétait le clair de lune.

« AUX ARMES ! » Athéna avait rugi, et son souffle cristallisait dans l’air glacial. « Éteignez les feux ! Prenez garde à votre ombre ! »

Sans plus attendre, elle fonça vers le géant de glace. Les soldats sortirent de leur couche, armes en main, plongèrent les torches dans la terre et jetèrent des seaux d’eau sur les feux de camp. Il fallait se débarrasser de toute lumière. Cependant les ombres, malicieuses, mirent le feu aux tentes, engendrant ainsi des versions d’elles-mêmes plus imposantes et plus redoutables encore.

Athéna bondit sur le géant et enfonça sa lance dans sa poitrine. Mais cela n’était pour lui qu’une simple contrariété. De son poing massif, il saisit Athéna qui dut lâcher sa lance, et il la maintint dans les airs entre ses doigts semblables à des troncs.

Alors des corbeaux crièrent et s’abattirent par dizaines sur le géant. Il balayait l’air de sa main libre, mais les oiseaux étaient trop petits pour qu’il pût s’en saisir et les empêcher de lui picorer le visage. Il relâcha son emprise sur Athéna qui, ainsi libérée, tomba au sol. Elle atterrit aux pieds de Nox.

Son visage était dissimulé derrière un masque de métal et sa robe était aussi noire que l’obscurité qui sépare les étoiles. Elle faisait face au géant armée d’un simple chandelier, mais les flammèches qui le surplombaient semblaient surnaturelles. Elle leva sa main gantée et aspira les ténèbres. Les ombres meurtrières résistèrent, mais elles étaient inexorablement attirées vers elle comme vers l’œil d’un cyclone. Elles furent englouties par les ténèbres de la robe de Nox ; anéanties par l’incarnation de la nuit.

Après quoi, Nox les projeta devant elle, telle une nuée d’insectes. Tournoyant, elles assaillirent sans répit le géant de glace. Au supplice, il se débattit et hurla de douleur, en vain. Dévoré par la nuit, il s’écroula.

Athéna se remit sur pieds et ramassa sa lance. « Vous avez toute ma gratitude, dame de la nuit. »Athéna avait beau être la fille de Zeus, Nox était une créature primordiale. Une créature redoutable.

« Je ne l’exige pas », répondit Nox. Sa voix évoquait un murmure échappé d’un tombeau. « Cette nuit est contre-nature. Elle est issue d’Ásgard. De la naissance du Ragnarök. »

Athéna désigna ses soldats, déjà attelés à la réparation du camp. « Je mène cette armée au Nord protéger Thor et son peuple. »

« Et ce faisant, tu mettras fin à leur vie », rétorqua Nox posément. « Ásgard est tombé. D’autres ténèbres, venues des profondeurs, émergent à l’orient. Au-dessus de ton foyer. »

« De quelles ténèbres parles-tu ? » demanda Athéna.

« À ta place, Minerve la sage, je mènerais cette armée jusqu’en Grèce. À Ásgard, elle n’a aucune chance. Mais face à Pluton, c’est différent. » Sur ces mots, Nox se fondit dans la nuit.

Athéna ruminait son avertissement. Râ et Nox avaient tous deux évoqué la chute d’Ásgard. La Grèce semblait désormais, elle aussi, en péril. Ses hommes l’observaient, les yeux écarquillés. Sans mot dire, ils la suppliaient de les ramener chez eux afin de protéger leur famille.

Se tournant vers le Nord, Athéna versa une larme. « Thor, mon ami, je regrette. Je ne serai pas là pour t’aider. »