L’Odyssée, c’est avant tout l’histoire d’un voyage à travers le monde ! Découvrez le sixième chapitre de cette édition 2018 !

Durant l’Odyssée, on voyage à travers le monde afin de visiter les différents panthéons. Ce voyage à travers le monde est guidé par une grande histoire (inventée par Hi-Rez) différente de la mythologie que l’on connait.

CHAPITRE 6

De la fumée s’élevait au-dessus des ruines du royaume du soleil.

Athéna franchit le portail défoncé. Les rues, flanquées d’édifices couleur de sable dévastés, étaient jonchées des débris qui s’en échappaient. Les innombrables brasiers résultant de l’attaque noircissaient le ciel déjà assombri par l’éclipse. Les soldats grecs – ses propres soldats – avaient depuis longtemps mis la ville à sac et certains avançaient désormais, l’air redoutable, le long de l’artère principale. Les autochtones fuyaient devant eux. D’autres, installés sur les trottoirs, festoyaient des butins récupérés dans les maisons alentour. À la vue d’Athéna, ils s’empressèrent de lâcher leurs victuailles et effectuèrent un salut militaire, main sur le cœur.

Aucun mot ne trouvait le chemin de ses lèvres. Aucune remontrance n’était assez cinglante. Était-ce là l’armée qu’elle avait formée ? Était-ce là ce que son frère Arès avait fait de leur honneur ?

Elle s’immobilisa devant un piédestal au centre d’un carrefour bondé. Tout autour gisaient les vestiges d’une statue de dieu. Réduits à un amas de morceaux et de poussière, ils ne formaient plus rien de reconnaissable. À la place de la statue originelle, le dieu du soleil, Râ, était à genoux et enchaîné, les yeux recouverts d’un bandage. Il était maculé de terre et de sang.

Athéna bondit sur le piédestal et frappa de sa lance. Les chaînes se brisèrent. Ainsi détaché, Râ s’affaissa en gémissant. Avec respect, les soldats grecs s’approchèrent lentement et fixèrent la déesse de la sagesse.

« Aspirez-vous à cela ? » les interpella-t-elle. « S’agit-il du destin de la grande Grèce ? Mon père, Zeus, a levé cette armée afin de défendre nos terres. Pourtant, elle a servi à en conquérir de nouvelles. Une seule campagne aux ordres d’Arès a suffi pour que vous vous abaissiez à piller et maltraiter les vaincus. Aussi je vous le demande : en retirez-vous de la fierté ? »

Aucun ne soutint son regard.

« Si la honte et les regrets vous habitent, aidez-moi sans plus attendre. Râ est un roi parmi les dieux. Ses blessures ont obscurci le ciel. Témoignez de votre foi. Priez-le. Honorez-le afin qu’il guérisse, et que le soleil brille de nouveau ! »

Lentement d’abord, quelques têtes s’inclinèrent. Puis d’autres suivirent. Bientôt, l’assistance toute entière était agenouillée et priait Râ. Soudain, un unique rayon de lumière surgit du soleil noir et s’abattit sur le dieu à tête d’aigle. Il se pencha en arrière et absorba le rayon brillant. Les mains tremblantes, Râ se saisit du bandage qui couvrait ses yeux et l’ôta.

La lumière du soleil, puissante et éclatante, recouvrit les terres. La lumière du jour était désormais claire, immaculée, comme s’il s’était agi du premier. Les yeux étincelants de Râ, guéris par la foi, reflétaient la pureté du soleil. L’éclipse n’était plus.

Toutefois, Râ ne regardait pas ce qui s’étendait devant lui, pas plus que la lumière qui le surplombait. Pas encore. Il était subjugué par une vision d’Ásgard en cendres, anéanti. Le puissant Thor gisait vaincu, brisé. Son marteau encore parcouru d’étincelles reposait près de ses doigts inertes. Odin, le Père de tout, était encore aux prises avec le féroce Fenrir, mais ses bras fléchissaient d’épuisement. Le loup salivait déjà. Hel, assise sur le trône d’Ásgard, contemplait l’ensemble. Son visage était l’incarnation pale et parfaite de la victoire. La vision s’estompa.

Râ se leva et posa la main sur l’épaule d’Athéna. « Ásgard », croassa-t-il faiblement. « La fin est proche. »

« Dans ce cas, je n’ai pas de temps à perdre », répondit-elle avant de se tourner vers ses soldats. « Votre honneur n’est pas encore lavé. La bataille qu’il reste à livrer restaurera la paix. Réparons les atrocités qui ont été commises ici. Marchez à mes côtés. Marchez vers le Nord ! »

Tous levèrent leur lance, frappèrent leur bouclier et scandèrent son nom : « Athéna ! »

Ils la suivraient n’importe où. Même au cœur du Ragnarök.